«J'ai longtemps voulu déjouer la nature, mais là, c'est terminé. Mon corps ne suit plus», a expliqué le Jonquiérois d'origine, hier, lorsque joint par téléphone.
Si le corps ne répond plus à l'appel, la passion pour la lutte, elle, est toujours au rendez-vous. L'espace d'une question, Robert Rancourt partage ses opinions sur le sport auquel il a consacré sa vie, se remémore les plus beaux souvenirs de sa carrière et raconte quelques-uns de ses meilleurs combats. «Pour un p'tit gars de Jonquière, j'ai fait un beau tour. J'ai fait mon chemin, j'ai foncé dans le tas. J'aurais voulu aller plus haut, mais je suis content de ce que j'ai vécu», mentionne-t-il.
Rancourt a lutté une première fois à l'âge de 14 ans seulement, en 1970, à la Salle Durocher de Chicoutimi. Ce n'est que 14 ans plus tard, à la suite des recommandations de son idole et mentor, Édouard Carpentier, qu'il devient Sunny War Cloud. «Édouard m'avait dit: tout le monde aime les Indiens, et tu as l'air d'un Indien», se souvient-il.
Couvert de plumes, Robert Rancourt a popularisé la danse de l'indien aux quatre coins de l'Amérique et de l'Europe, sous la bannière de multiples fédérations. Sunny War Cloud a même fait fureur au Japon, en Israël et en Afrique. Il a lutté face à Abdullah The Butcher, Macho Man et Bret Hart, pour ne nommer que ceux-là. Il a été le coéquipier de Carpentier, en 1994, lors de son dernier combat. «Je n'étais pas le plus talentueux. Je suis comme un gars de 3e ou 4e trio qui a fait la LNH. C'est vraiment le personnage d'Indien qui a fait en sorte que j'ai percé», croit-il.
La WWF
En 1985, Sunny War Cloud était devenu un régulier de la division canadienne de la World Wrestling Federation (WWF), c'est-à-dire la Maple Leaf Wrestling. À de maintes reprises dans sa carrière, il a cogné à la porte de la plus grande fédération au monde, sans jamais parvenir à s'y installer.
«La lutte, c'est souvent une question de ''timing'' et ce qui compte, ce n'est pas nécessairement qui tu es, mais qui tu connais, avance-t-il. En 1990, quand la WWF a vraiment eu besoin d'un Indien, j'étais en thérapie. Ils ont finalement pris Tatanka. Le gars était Américain. Il parlait anglais et c'était moins compliqué pour les papiers.»
Si cette thérapie lui a peut-être coûté sa chance de goûter pleinement à la WWF, elle lui aura néanmoins permis de vieillir en meilleure santé. Après être sombré dans l'enfer de la cocaïne pendant un an, Robert Rancourt n'a pas consommé depuis 19 ans.
Ce soir, il affrontera donc son public en toute sobriété, pour une dernière fois, au Centre Horizon de Québec. «C'est le temps que ça finisse. Avant ça, je «trippais» le jour d'un combat, mais désormais, quand la cloche sonne au début du match, j'ai peur de me blesser. Et quand la cloche sonne de nouveau à la fin, je remercie le bon Dieu», explique-t-il, serein dans sa décision.
«Mais je ne vous cacherai pas que je suis extrêmement nerveux. J'ai hâte de voir comment les gens vont réagir. J'ai hâte que ce soit fait.»